Deux peintures de Henry Heerup
Henry Heerup (1907-1993) est un peintre et sculpteur danois ayant fait partie du mouvement CoBrA.
Déjà à ses débuts au tournant des années 30, son art est tout de spontanéité et de fantaisie.
Son ami Preben Wilmann a dit de lui : « Quand Heerup est devant sa toile, il suit la méthode des libres inspirations. Sans s’arrêter, il couvre la surface de figures de couleurs largement stylisées, qui s’adaptent rythmiquement l’une à l’autre en une unité d’un mouvement puissant. Des êtres humains, des animaux, des plantes sont composés avec tout ce qui est possible dans le monde de la technique, des maisons, des autos, des bicyclettes, des chars d’assaut et des avions, et sont ramenés à des dessins intelligibles. A ces objets quotidiens, réinventés, il ajoute des symboles antiques, le cœur, la croix, la roue, le clocher, la cloche, des formes sexualisées, la corne d’abondance et le lutin, ce symbole de lui-même. Énergique, palpable, passionnée, la couleur est inséparable de ces images. Heerup dispose de ce que Chagall a appelé la palette originelle, et il l’emploie, riche en contrastes et calme comme la nature dans une plate-bande ».
Heerup, malicieux et sauvage, est inclassable et s’il adhère à CoBrA, il « s’est toujours senti très marginal par rapport à Cobra. C’est plutôt Cobra qui se reconnaissait en Heerup que Heerup qui se reconnaissait dans Cobra. » (Michel Ragon, Karel Appel : peinture, 1937-1957, Galilée, 1988, p. 378).
Heerup est un vrai artiste populaire, un primitif proche de l’art brut.
Également sculpteur, il sculpte le granit, dans des blocs qu’il trouve au hasard de ses promenades à bicyclette et qu’il transporte dans son jardin de Rødovre, un lieu magique dont il a fait son atelier et un musée à l’air libre : « Le jardin d’Heerup, Heerups Have, tient du Paradis terrestre et de l’enclos du brocanteur. Lieu enchanté dont Heerup est le Prospère : il y règne sur une peuplade de pierres heureuses, objets saugrenus posés sur des socles – très importants, les socles ! – n’importe où dans l’herbe de la prairie, et plus ou moins sagement rangées dans la cabane du fond, l’atelier, une réserve d’images peintes, parfois jusqu’à la fantasmagorie. » (Jean-Clarence Lambert, Cobra, un art libre, Galilée, 2008, p.116).
C’est toujours à l’extérieur, dans ce jardin, que Heerup travaille, réservant la peinture pour l’été et la sculpture pour l’hiver.
Il invente aussi ce qu’il appelle des skraldemodeller ou modèles au rebut. A partir de détritus trouvés dans les décharges publiques, il crée, par assemblage d’objets hétéroclites, des sculptures qui prennent souvent la forme d’êtres humains, d’animaux et auxquelles il donne des titres allégoriques : « Quel que soit le matériau utilisé, l’œuvre de Heerup s’inscrit toujours dans le sens d’un langage qui reste attaché à la réalité et qui entretient avec la nature des rapports familiers et cordiaux de simplicité et de libre inspiration » (Maïten Bouisset, in Encyclopaedia Universalis).
Une année avec Henry Heerup, un film de Jens Jørgen Thorsen (1968-69) :