Cette peinture à l’huile de Louis Priou (1845-1917) date de 1882.

Élève de l’École municipale de Bordeaux et de l’École des Beaux-Arts de Paris, ayant eu Cabanel pour professeur, Louis Priou devient un portraitiste, peintre de genre et d’Histoire. Il s’adonne également à des fantaisies mythologiques, avec satyres ou chérubins.
Gérald Schurr précise qu’il « commence à exposer au Salon, en 1869, des compositions d’abord un peu grises et embrumées. Mais il a le sens du rythme, de l’opulence, du mouvement. Le goût du réalisme n’exclut jamais chez lui le sens du symbole. La touche est souple, le trait précis, la palette légère malgré l’attrait du peintre pour les tons nuageux. Priou reste fidèle aux allégories chères aux peintres pompiers (L’Amour réduit à la raison, Le Réveil du printemps), aux thèmes mythologiques et historiques. Austère lorsqu’il aborde le portrait, il montre une facture timidement nuancée d’impressionnisme dans ses décorations murales. » (Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain (1820-1920), tome 6, Éditions de l’Amateur, 1975, p.135)
Louis Priou participa à tous les Salons de la Société des Artistes Français, où il remporta assez tôt des récompenses. En 1900, à l’Exposition Universelle, il obtenait une Médaille de Bronze. L’artiste fut souvent récompensé, tant en France qu’à l’étranger, à Nantes, à Vienne, à Philadelphie, à Munich, à Chicago, etc. Les musées de Bordeaux, Nantes, Toulouse, Gand, Washington, Sydney, possèdent de ses œuvres.
Pendant longtemps il évolua dans ce style pompier. Ainsi, à l’occasion du Salon de 1912, un certain Armand Clorel le moqua-t-il dans un article de La Critique indépendante (1er juin 1912) : « Louis Priou, qui expose, le coquin ! une jeune femme lutinant un amour, avec fleurs, tourterelles et autres accessoires… »

 

*

 

Parmi les autres œuvres de Louis Priou visibles en ligne, signalons en les accompagnant d’extraits de critiques d’époque  :

Hercule et Pan (1869): ● « une grande toile de M. Priou, d’une excellente couleur et largement touchée, représentant Hercule tirant Pan par l’oreille et l’amenant devant Jupiter. L’expression et le mouvement de Pan son bien rendus » (Louis Auvray, « Salon de 1869 », Revue artistique et littéraire, tome seizième, dixième année, 1869, p. 270).

La Coupe et la Lyre (1872) : ● « Un homme jeune et beau, renversé à terre par la débauche qui lui a fait jeter de côté sa lyre de poète ; une femme jeune et belle, victorieusement assise auprès de sa victime et s’entretenant en riant de ce dernier exploit courtisanesque avec l’Amour perfide penché sur sa jeune épaule ; le génie en deuil du poète abruti, qui s’enfuit devant ce spectacle hideux ; tels sont les personnages qui remplissent la toile de M. Louis Priou. L’ordonnance est belle, le dessin est juste, l’idéalisation suffisante. M. Louis Priou nous paraît destiné à prendre un rang très distingué parmi nos peintres de style, s’il affermit sa main et acquiert, par le travail, avec la sûreté d’exécution, la tranquillité courageuse de l’esprit, qui permet d’exprimer hardiment les conceptions élevées. » (Georges Lafenestre, « Salon de 1872 », L’Illustration, 15 juin 1872, p. 385) ; ● « C’est du moins un essai de grande peinture et qui a bien des qualités. Le poëte est demi nu, hésitant entre la lyre et la coupe. Composition un peu grise, à la Couture, mais bien étudiée, avec des parties excellentes » (Jules Claretie, Peintres et sculpteurs contemporains, Charpentier et Cie, 1873, p. 332) ; ● « La grande allégorie de M. Louis Priou, la Coupe et la Lyre, n’est point destinée non plus à glorifier le rôle de la femme sur cette pauvre terre. La déesse Monde qu’il assied, près de la mer, tenant à la main un brûle-parfums d’où s’échappent des fumées odorantes, a tout l’air de n’encenser qu’elle-même. A ses pieds, sous son pâle sourire, agonise, en ce moment, un homme jeune et beau, qui faisait jadis sonner harmonieusement la grande lyre d’Orphée. De ses mains caressantes l’infortuné a reçu la coupe d’amour, pleine du vin qui tue, de l’enchantement qui brise. Il a bu, il a bu jusqu’à la dernière goutte, jusqu’à ce qu’il tombe échevelé, épuisé, anéanti, hideux, parmi les débris de sa lyre gisante sur le sol et les lambeaux de ses vêtements souillés par la débauche. Cependant , la Nymphe fatale qui l’a assassiné triomphe, et l’Amour, nonchalamment penché vers elle, applaudit en souriant à la honteuse victoire de sa beauté. Cette composition allégorique, d’un vrai mérite, est traitée avec timidité ; mais l’ordonnance en est belle, le dessin délicat et sérieux, la couleur harmonieuse, bien qu’un peu froide. » (Georges Lafenestre, L’art vivant: la peinture et la sculpture aux salons de 1868 à 1877, G. Fischbacher, 1881, pp. 237-238).

Une Famille de Satyres (1874) : ● « La Famille de satyres, par M. Priou, est une œuvre vivante et pleine d’entrain. J’y trouve une tendance à accentuer les contours au moyen d’un trait sombre, qui donne de la dureté au dessin ; néanmoins, sa composition est gracieuse, et, chose rare en pareil sujet, elle est intéressante. M. Priou ne s’est pas contenté de faire une étude d’après modèle, il a pris la peine de composer un tableau. » (Arthur Duparc, « Le Salon de 1874 », in Le Correspondant, tome 59, volume 95, 1874, p. 1085) ; ● « M. Priou, qui nous représente une Famille de satyres, assis sous bois et le père exerçant son fils à l’art d’une musique sylvaine, et M. Gervex, qui, lui aussi, peint des Satyres jouant avec une Bacchante, ont signé là, l’un et l’autre, des tableaux recommandables ; mais en peignant tout simplement un chaudron et des poissons morts jetés tout autour, M. Antoine Vollon a fait, aussi bien qu’eux, de la grande peinture. / Il y a cependant un vrai talent chez M. Priou et chez M. Gervex qui, si je ne me trompe, sont fort jeunes. On ne pourrait guère leur reprocher déjà que d’être trop habiles. A vingt-cinq ou vingt-six ans, il faut certes un peu plus de naïveté. Il y a une verdeur singulière dans le vieux satyre de M. Priou, faisant claquer ses doigts, le pouce contre l’index, pour marquer la mesure ; la bacchante de M. Gervex, qui se vautre sur une draperie violette entre les bras d’un satyre assez laid, est un sujet bien traité ; mais il y a déjà là, je le répète, plus de chic et d’habileté que d’étude, et ces nus ne sont vraiment pas encore de la chair. Les jeunes gens, aujourd’hui, se contentent à trop peu de frais. » (Jules Claretie, « Salon de 1874 », L’art et les artistes français contemporains, Charpentier et Cie, 1876, pp. 216-217) ; ● « Aussi bien, je ne veux point tarder davantage à m’occuper du tableau de M. Priou, Une famille de satyres. Vous pouvez me croire, c’est un excellent morceau, et dans tout le Salon, ne cherchez pas, il serait difficile d’en découvrir de mieux venu. […] Mais on peut tout vanter et ne rien reprendre dans les satyres père et fils. Le solide et beau dessin ! Le ferme et savant modelé ! C’est de la vigoureuse peinture, si jamais il en fut. Je vous recommande surtout le torse et les mains du père. La seule chose qu’on puisse légitimement regretter, c’est le ton noir des ombres, observation applicable, du reste, à toute la toile. » (Olivier Merson, « Le Salon de 1874 », Le Monde illustré, 30 mai 1874, p. 338) ; ● « C’est d’abord Une Famille de satyres, par M. Priou ; – le père est orné de ses pieds de bouc, le fils est bâti sur le même modèle, mais la mère est une ravissante personne, très galamment construite de la tête aux orteils. Ces braves gens habitent un paysage où il doit faire très bon à vivre. La température y est douce, évidemment, car les dames n’y portent que le simple costume qui allait si bien à Geneviève de Brabant ; on ne s’y occupe pas de politique, on y est indifférent aux lois constitutionnelles, mais on s’y réjouit en famille, assis sur l’herbe, dans des poses agréables, et l’on s’y porte à merveille. La mère du petit satyre paraît être d’une humeur très gaie et très facile ; on ne la voit que de dos, mais il est certain qu’elle doit avoir énormément d’esprit. D’abord elle est fort bien faite. Il est au reste démontré que les satyres des deux sexes sont tous des gens infiniment spirituels. » (Octave Mirbeau, Premières chroniques esthétiques, Société Octave Mirbeau, 1996, p. 38)

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *